samedi 14 mai 2011

Purpurine




Purpurine



Père du vent souffle sur ma peine,
coupe d’une lame froide la pourpre désolée
de mes lèvres.
Trace le geste de la fronde, garde le bras tendu
suis la cible, ouvre et creuse le faible lit de ma raison.
Deviens eau …oh, faibles courants remplissez
le cœur d’un autre homme, adversaire imparable
de ma mélancolie.
Zéphiro, souffle au loin, reste distant, distante.
Les draps se déchirent comme des pendus
Je garde ma bouche meurtrie, elle s’ouvre gercée,
Purpurine et béante, cicatrice de la tête,
je lâche ma langue dedans, grosse, envahissante
et les mots restent brouillés, collés au palais.
Sans choix, sans courage et en abîme tout entier,
je sors par le haut en m’arrachant aux chevilles .
Ma tête se dévisse de mon corps, en tours et retours
sur l’axe. Elle ne tombe guère, mais je souffre de ma
maladie première, l’effrayant passage vers la mère.
Je prends les bras du froid, je m’entoure d’eux.
Entre leurs morts, je deviens un naufragé, l’ami du vent.
Recoupée, ciselée ma peau en fines morsures,
dentelle alourdie telle une caillasse marbrée, je m’étale.
Les yeux percés, obstrués par deux pièces de monnaie,
prix d’un passage vers l’autre rive, moi et l’autre homme,
nous n’avons qu’une tête.
Chiens des enfers, mange ma main, mon destin, fais de nous un corps divin, entre mille chiens et un seul loup.
Mes mots sont encore restés suspendus, maintes fois ils me désolent, en abandonnant leurs signes à mes déceptions
d’être ici hybride.

La bête est loin, je nage songeant à ces passages entre les mondes, en clairs-obscurs désirs et de voix sombres.

Je sens déjà le benjoin, la myrrhe et le nard,
ils embaument mon corps et j’offre cette l’odeur à tous ceux
qui se mêlent à nos têtes de chiens.
Nos cheveux restent longs et brillants, coiffés par Marie,
par Madeleine, par Marie et par elles toutes, par toutes les mères qui n’osent pas crier gare aux jeunes fils de Dieu ! Pourquoi n’a t’elle pas criée un NON incontournable ?
Un Non qui se voudrait plus fort que la parole du Dieu fou,
qui pousse la croix sur le dos de son fils.
Il va me falloir une explication valable à tout ceci.
……

Ma, ma toute petite, vois-tu ma main briller sous cette lune ?

Il est temps de penser à la rencontre de nos deux cœurs,
L’un sur le papier mâché de l’autre.
Une soie infime nous relie, viens nous y rejoindre, et marque ma peau et la tienne d’un signe lisible.
Ma peau et la tienne, nos deux têtes enfin reliées, nous sommes si frères que mon sexe n’est pas ému par le changement.

Fines poussières se posent sur nous, une fine touche
d’argent et d’or glisse et embaume nos nuits.
Mon corps de têtes à deux se secoue.
Regarde nos os briller de l’intérieur !

Ami, amie, sur ta tombe, pour toi, la rose se plie de beauté et de velours rouge.
Suis l’étoile… nous sommes si faibles, des animaux ternes avant l’abattoir.

Sais-tu que l’un est le lieu de l’autre ?

Mon dernier cri est pour toi.


Ta double tête qui parle par ma voix ici et je l’écoute vibrer,
Vibrer mon âme par le dedans.

Ahhhhhhhhhhhh !

Paris, 2006- 2011.

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