dimanche 15 juin 2008

autre-cas, solo






































Autre-cas

Dialogue________________________________________

- Hier j’ai regardé les oiseaux et je n’ai rien dit.

- Je sais.

Tout était calme, posé, pas de secousses…

- Je n’ai pas eu de bourdonnements non plus.

- Non. Tes mains étaient posées sur tes cuisses…

- Je respirais.

- Oui, tu respirais et l’histoire se reformait,

puisant dans nos silences un nouveau souffle.

- Peut-être que le voyage de l’autre côté du monde

prenait fin et que ma destinée était celle d’agir,

en répétant toujours les mêmes gestes.

- Tu valsais de l’immobilité à la chute.

- Ma construction quotidienne tenait de l’allégeance

du corps devant une volonté meurtrière.


- Chaque victoire que l’on s’accorde,

doit-être la bien nommée.

- Oui, c’est dit.

- Je ne veux pas encore oublier,

on me plante un couteau dans le dos, tu coupes le pain…

- Sur mon cahier je transcris les mots d’un autre,

je colle une photographie, tu dessines un chien.

- On dit que l’on doit préserver le secret de tous

les beaux livres, que l’on arrive plus à fermer.

- Des mots, ils nous tombent des mains ces morts.

Même la poussière ne peut les nommer.
(...) LM 07

jeudi 12 juin 2008

Lost Something, un solo au centre pompidou








Lost Something

Dans la marche, celui qui guide est guidé
Au cinéma, après la lutte avec les oiseaux,
la femme chute.

Je sais que dans toute forme d ‘évanouissement,

se cache une promesse.
Je danse l’empreinte,
l’espace entre les doigts et la pliure.

Mon secret s’enfoui dans l’union des contraires.

Le refus écrit en toutes lettres sur mon front.

Un NON pigmenté de bleu.
L’orgueil du baroque et ma mémoire de tout.

Les traces, les résonances… la petite musique
veille
sur le silence,
moi, je ne bouge toujours pas.

Couchée à terre, je tremble, spasmes.
Un paysage dessine sur mon visage,
les rides de l’enfance.
Après le chaos, reste le silence, encore.
Le corps cherche le repos, il se souvient si peu de l’unité.
J’apprends les mots, j’avance et déjà la vie me dépasse.

Un geste me fissure le mémoire.

Corps transpercés de toute part, réclamant espace, respect, autorité.

Le corps diffère du cœur.

jeudi 5 juin 2008

Cartas de amor















Carta de Amor de Inez a Pedro

Depuis que vous êtes parti, la Fontaine des Amours
s'est tarie.
Ici tout est devenu lent étiré.
Les pierres s'enfoncent dans le marais
honteuses de porter votre oubli.
J'y vois couler des larmes.
Aujourd'hui le soleil blesse mes yeux de sa lumière trop vive.
Je me cache dans la forêt, elle me parle, me caresse la peau.
Près de la carrière, mon arbre frémit.
Je pose mon front sur son écorce, la sève monte, ma langue l'accueille.
L'amour attend votre retour pour faire jaillir l'eau , à nouveau.
Les seins des femmes pointent déjà, des mais se serrent.
Autour de la source un peu de mousse verte grouille de vie et de joie.
Tout bouge en cadence et m'annonce l'évanouissement du jour.
Je vous quitte, le crépuscule envahi la plaine et la maison, ma maison
est un temple éteint.

Inez, Paris, aôut 1994

Sur les murs se dessinent des routes griffées, poreuses...

mardi 3 juin 2008

La reine morte












Dernière lettre amour d’Inez à Pedro

Pedro,

Je me déshabille auprès de la fontaine

et j’écoute le merle enrouler son chant,

dans la force désobéissante du fleuve.

Il court caressant le flanc des berges.

Aiguë est le cri du paon qui se promène aux alentours.

Etrange la beauté qui m’entoure.

Il me semble voir tout décollé du monde.

Une poésie scandaleusement nue et obscène

dans sa cruelle beauté.

Je vis maintenant et je peux mourir de suite.

Inez, Lisboa, 2005

make me drunk with your kisses















inez rima com martinez...

Le reste est silence

Le reste est silence








Martin, O Bobo, le Bouffon, chante à sa reine,
Inez de castro :

La berceuse :

« Lune, lune, embrasse, mon amie, ma reine,

donne-lui ton baiser de nuit, ô nani, nani.

Dort, dort, mon amie, ô nani, nani,

dans ton nid de pierre, nani, ô nani, nani, na.

La lune habille ma reine,

d’un voile de lumière,

nani, nani, ô nani, nani.

Ah ! Que la mort est longue et la nuit sans rêve,

O nani, nani, la lune couvre mon amie, ma reine,

de son baiser de lumière, ô nani, nani, na « .

inez rima com martinez e a rainha santa isabel
















Les larmes de la contemplation
la nourrice
tient dans ses bras
la reine morte,
inez de castro.

Cartas de amor de Pedro e Inez

Troisième lettre:

Sitôt le matin levé je regarde le fleuve.
Il porte la pourriture des feuilles
comme une parure un ornement.
Etincelant et brusque miroir toujours à me parler de vous.
Dieu que je suis triste de votre tristesse quand les jours
se battent avec mes nuits !
Etrange guerre que je vis ici dans ce lieu de paix si sûre.
Elle gratte à ma porte comme une bête assoiffée de sang.
Ah, que suis lasse de cette immobilité
qui m’enracine à ma peine.
Je vous parle sans cesse mais l’écho court
moins vite que votre cheval,
sinon monseigneur, vous auriez pu écouter enfin
cette malheureuse qui vous pleure.
Ai Mondego, suis-le mon prince père heureux
mais si absent, quand finira-t-il de chasser insouciant
du danger que j’encours d’être ainsi ,
corps offert aux chiens du Roi ?!!!

Inez, Paris, Juin 1997


A Rainha Morta Pousa para a fotografia
em Paris
no Bairro de St. Paul.
( émérentienne dubourg)